Le Portugal est un pays doté d’une riche histoire, pleine d’amours, de drames et de péripéties. En effet, tout cela a commencé dans le XIIe siècle, quand le jeune et impertinent Afonso Henriques, fils de Thérèse de Bourbon, a décidé de revendiquer l’indépendance de son comté, en se rebellant contre sa mère, qui soutenait à son tour, le Roi de Léon et Castille. De ses débuts de petit comté conquis au Royaume de Léon, à sa place de véritable puissance mondiale, le Portugal a traversé les siècles avec détermination, courage et passion. Aujourd’hui, fier de son passé, mais soucieux de son avenir, le pays cherche à trouver sa place dans une Europe moderne et dynamique. Venez donc avec nous, découvrir l’émouvante histoire du Portugal en quelques mots…
L’histoire du Portugal est souvent racontée à partir du XIIe siècle. Néanmoins, il est reconnu qu’avant cela, de nombreuses batailles entre Romains, barbares et musulmans (les Maures) avaient déjà eu lieu pour la conquête de ces terres. Dans le Xe siècle, les chrétiens avaient démarré la reconquête de la Péninsule Ibérique qui, depuis plusieurs siècles était occupée par les Maures. Jusqu’ici, l’histoire du Portugal et de l’Espagne se mélangent. La Péninsule Ibérique n’était alors qu’un seul territoire, désigné par les Maures comme « Al-Andalus », ou l’Espagne Musulmane. Pendant la Reconquête, les chrétiens ont commencé à avancer vers le sud de la Péninsule. Les territoires du Nord formaient alors le Royaume de Léon, qui était composé par 4 régions principales: les Asturies, le León, la Galice et la Castille. Alphonse VI, Roi de Castille, dans sa lute contre les Maures, a pu compter sur l’aide de nombreux chevaliers dont le jeune et ambitieux Afonso Henriques.
Fils de Henri de Bourgogne et de Thérèse de Léon, comtes de Portucale, comté subordonné au pouvoir du Royaume de Léon, Afonso Henriques hérite du comté après la mort de son père. Il décide alors de se rebeller contre le Roi Alphonse VI et de réunir une troupe capable de se battre contre les soldats de sa mère (qui défendait son comté et le Roi de Léon et Castille). En 1128, les deux troupes se rencontrent lors de la bataille de Sao Mamede, où Afonso Henriques emporte une importante victoire. Il prend ainsi l’autorité sur le comté, au dépit de sa mère. Puisque cette première bataille a eu lieu dans le château de Guimarães, cette ville est connue comme étant « le berceau de la nation ». Afonso Henriques devient ainsi Gouverneur du Comté, mais pendant plusieurs années, son pouvoir n’est pas reconnu officiellement. Ce n’est qu’après l’incontestable victoire des troupes d’Afonso Henriques contre les Maures, lors de la bataille d’Ourique, en 1139, qu’il est finalement acclamé comme le 1er Roi du Portugal.
Néanmoins, il faudrait encore attendre l’année de 1143, où par le traité de Zamore, le Roi de Léon et Castille reconnaitrait l’indépendance du Portugal. Afonso Henriques reçoit alors des mains de l’Archevêque de Braga, une couronne en or et pierres précieuses, symbole de son pouvoir, en tant que successeur des peuples visigoths.
Les successeurs de D. Afonso Henriques poursuivent les conquêtes vers le sud, jusqu’à l’expulsion totale des Maures, qui a eu lieu en 1249 avec la conquête définitive de l’Algarve. De ce fait, le Portugal est aujourd’hui connu comme le pays ayant les plus anciennes frontières stables au monde! Malgré la victoire des troupes qui se battaient au nom du Roi du Portugal et de l’Église Catholique, cette dernière région conquise (l’Algarve) est restée très imprégnée des habitudes et des coutumes des peuples nord-africains (les Maures), qui avaient habité ces terres pendant plusieurs siècles. À titre d’exemple, nous avons le style architectural des maisons, la pâtisserie, quelques cultures dont les oranges, les figues et les amandes. En outre, la langue portugaise garde encore de nombreux mots d’origine arabe (Algarve, alface (al-khaç – laitue), açucar (as-sukar – sucre), alcool (al-kohul), alecrim (al-iklil – thym), alcatifa (al-katifa – tapis), alfazema (al-khuzâma – lavande), etc..).
Dans le XVe siècle, une nouvelle page s’écrit dans l’Histoire du Portugal avec le début de « l’ère des Découvertes ».
Après plus d’un siècle de famine, de pestes et de guerres, l’économie et le moral des Portugais étaient au plus bas. Le Roi Jean 1er a décidé alors de s’ouvrir au monde et de financer les explorations maritimes, de façon à favoriser les échanges et le commerce international. Le grand pas était ainsi donné pour une époque grandiose de conquêtes, d’optimisme et de prospérité.
Dans cet élan de grandes expéditions et découvertes, Henri, le Navigateur, « Prince de Sagres », a créé « l’école de Sagres ». Cette école était pionnière dans la formation des navigateurs, mais également au niveau des techniques de navigation, des mystères de l’astronomie et de la cartographie terrestre.
Ainsi, d’un petit pays perdu au fond de l’Europe, le Portugal est devenu un acteur incontournable dans la découverte des « Nouveaux Mondes » et dans l’exploitation de mers et des Océans. Sans oublier également le commerce international qui s’est dynamisé de façon incroyable avec la multiplication des produits d’échange.
Grâce aux progrès techniques et au financement des expéditions, les Portugais ont notamment développé la « Caravela », un des principaux bateaux utilisés lors des explorations maritimes. Ce navire était très efficace, car il était long, fin et solide. Très rapide et facilement manœuvrable, la caravelle était idéale pour permettre aux navigateurs d’affronter surement les dangers de la mer.
Le début de l’expansion Portugaise a été marqué par la conquête de la ville de « Ceuta », au Maroc (1415), et de plusieurs Iles de l’Atlantique dont l’Ile de Madère (1418), l’archipel des Azores (1427), les Canaries (1432), le Cap-Vert et le Cap-Blanc (1431).
La conquête de ses archipels et de la ville de Ceuta, permet au Portugal de se retrouver au coeur des échanges internationaux. En effet, ces nouveaux territoires « portugais » se situent en plein axe entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques. De plus, le port de Ceuta, situé à l’entrée de l’étroit de Gibraltar, canalisait à l’époque les arrivées d’esclaves, d’or et de pierres précieuses venus de toute l’Afrique.
Mais, doté d’un caractère osé et ambitieux, le Prince de Sagres veut aller encore plus loin. Il veut dépasser ce qui était alors réputé comme étant la fin de la Terre, le Cap Bojador, surnommé par les Portugais comme « le cap de la peur » ! Et voilà que Gil Eanes arrive à le dépasser en 1434. Les Portugais avaient maintenant l’espoir d’atteindre les Indes. Ce qu’ils ont réussi à faire, mais bien plus tard…
Par la suite, les Portugais accédèrent également au Sénégal (1445), à la Guinée (1450), en Gambie (1456), en Sierra Leone (1460), au Gabon (1471), à Sao Tomé (1471) et même en Groenland (1474). Cette pénétration en Afrique marque le début de la traite des Noirs et de la colonisation du « Nouveau Monde ».
Mais tout n’était pas parfait! Avec ce début de monopole international, le Portugal suscite la convoitise des autres puissances européennes. Son premier (et historique) adversaire est l’Espagne, qui n’apprécie guère cette exclusivité commerciale du Portugal en Afrique. Les deux Rois ibériques décident alors de se mettre d’accord sur « la place de chacun », et signent ensemble le Traité d’Alcáçovas en 1479. Cet accord attribue de façon définitive les Îles Canaries à la couronne Espagnole. Les Portugais gardent à leur tour l’Ile de Madère, les Azores et le Cap-Vert. Par ailleurs, chacun des Rois s’engage à ne pas mettre en danger la souveraineté de l’autre sur son propre territoire.
Postérieurement, Diogo Cao, navigateur expérimenté envoyé par le Roi du Portugal (Jean II, le Parfait) a aussi débarqué au Zaïre, au Congo, au Gabon, en Afrique du Sud et en Angola. Bartolomeu Dias, à son tour, a réussi à franchir l’effrayant « cap des tempêtes », situé à l’extrémité de la côte atlantique de l’Afrique du Sud. Persuadé d’avoir finalement retrouvé le chemin vers les Indes, le Roi portugais Jean II le rebaptise en « Cabo da Boa-Esperança » (cap de la bonne espérance).
En 1494, Christophe Colomb arrive en Amérique et il vient annoncer sa découverte au Roi du Portugal (en détriment du Roi d’Espagne). Celui-ci demande alors au Pape Alexandre IV la reconnaissance des nouvelles terres découvertes. Une bulle papale vient ainsi établir un partage du Nouveau-Monde entre les Royaumes du Portugal et d’Espagne. Le Traité de Tordesillas est signé en 1494. Il divisait le monde en deux parties: la ligne de partage était un méridien nord-sud localisé à 370 lieues (1 770 km) à l’ouest des îles du Cap-Vert. D’après ce Traité, le Portugal a sous sa souveraineté l’ile de Madère et Porto Santo, les Azores, le Cap-Vert et l’endroit où on soupçonnait l’existence du Brésil. L’Espagne a réaffirmé son pouvoir sur les Îles Canaries et a acquis la souveraineté sur les autres terres découvertes en Amérique.
Après cet accord, Pedro Alvares Cabral débarque officiellement au Brésil (le 22 avril 1500), sous la tutelle du Royaume du Portugal. La Couronne Portugaise prend alors possession de ces terres « de la Vrai Croix » (Terras de Vera Cruz) et commence à les diviser en « feitorias », de façon à que chaque morceau du territoire soit occupé et protégé par un colon (des Nobles qui étaient nommés par le Roi du Portugal). Les Indiens, qui vivaient déjà sur place, ont été transformés en esclaves, de façon à aider les Noirs qui étaient amenés d’Afrique dans la culture du sucre et dans l’exploitation des bois précieux. Le Brésil devient d’ailleurs très vite une source économique incontournable, grâce à l’abondance des matières premières de grande valeur…
De façon quasi simultanée à la « Découverte » du Brésil, Vasco da Gama a finalement réussi à trouver le chemin vers les Indes ! Il y est arrivé en 1498. Par la suite, d’autres explorateurs portugais ont également découvert Hong Kong (1513), Macao (1554), Timor et même Pékin.
Ces nouveaux territoires de « além mar » (d’outre-mer) ont permis au Portugal de s’imposer sur la scène internationale, mais également de prospérer et de mieux se ravitailler. Dans le XVIe siècle, le Portugal était ainsi maitre d’un empire gigantesque, doté d’une richesse colossale. Ce fut l’apogée de « l’empire Portugais ».
Néanmoins, pour un pays avec une base géographique si petite et une population pas très nombreuse, il était de plus en plus difficile et couteux de réussir à peupler et à protéger ces nouvelles terres. D’ailleurs, pour démontrer la démesure existante entre la taille du Portugal et de l’empire conquis en outremer, le prêtre jésuite et écrivain portugais Padre Antonio Vieira, disait que les Portugais avaient « um palmo de terra para nascer, o mundo inteiro para morrer » (« une poignée de terre pour naître, le monde entier pour mourir »)…
Malgré toute cette puissance, le déclin fut inévitable. Il a démarré avec la disparition du Roi Sébastien 1er lors de la « Bataille des Trois Rois au Maroc » en 1578, et s’est achevé avec l’annexion du Portugal par la couronne espagnole en 1580.
Après plus de 60 ans de soumission à la Royauté Espagnole, le Portugal a encore subi l’influence de l’Angleterre et fut envahi par Napoléon. Le XIXe siècle fut également une période de grande instabilité politique, avec la prise d’indépendance du Brésil et une mauvaise gestion des finances publiques, ce qui a fini par plonger le pays dans une grave crise économique. La conséquence directe de cette crise est la chute de la monarchie avec le régicide et la proclamation de la République Portugaise le 5 octobre 1910.
Aujourd’hui, fort de son passé héroïque, mais affaibli par toutes les inévitables défaites subies, le Portugal cherche sa place dans la scène internationale, projetant sans cesse un avenir prospère et paisible pour son peuple et pour tous ceux qui ont décidé de vivre dans ce petit pays « à beira mar plantado » (« en bord de mer planté »), Luis de Camoes – « Lusiadas ».